Une vie de saint Colomban en Breton

Un ouvrage sur la Vie des Saints pour tous les jours de l’année, édité en breton, a été offert en 1914 au grand-père d’un membre de l’association, par le recteur de Runan, localité près de Brélidy. Ce livre intitulé « Buhez ar sent » en breton, existe depuis très longtemps, était présent dans de nombreuses familles de la Bretagne bretonnante.

Nous vous proposons un extrait de ce livre qui présente la vie de saint Colomban.

Le jour dédié à saint Colomban est fixé au 21 novembre dans ce livre. C’est la date de la mort du moine Colomban à Bobbio en Italie en l’an 615. Mais depuis, le martyrologe romain l’a reportée au 23 novembre, le 21 étant le jour de la Présentation de Marie au Temple.

Texte original

Traduction en français

Le vingt et un novembre
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SAINT COLOMBAN
Abbé de Luxeuil (543 – 615)
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Colomban est né en Irlande, l’année où mourut saint Benoît, et il se retira, dès son jeune âge, au monastère renommé de Bangor.
A trente ans, il traversa la Grande-Bretagne et vint en France, accompagné de douze moines. Il fonda trois monastères, l’un sitôt après l’autre, Annegray (584), Luxeuil (585) et Bellefontaine (586).
Comme il observait les coutumes de son pays, au sujet de la tenue vestimentaire et du jour de célébration de la fête de Pâques, il eut parfois des désaccords avec les évêques de France. Mais il eut encore davantage de problèmes avec la reine Brunehaud. Celle-ci, pour demeurer maîtresse de son royaume jusqu’à sa mort, avait empêché son petit-fils Thierry de se marier, lui laissant ainsi le loisir de mener une vie dissolue. Il avait des enfants et Brunehaud voulait que l’abbé de Luxeuil les bénisse. Colomban refusa

et dit : « Ils ne peuvent pas être couronnés, car ils sont nés dans le péché. » Quelque temps après Brunehaud alla à Luxeuil, pensant recevoir un bel accueil ; mais comme une règle interdisait aux femmes d’entrer au monastère, le saint abbé ne daigna pas s’en écarter pour plaire à la reine. Dès lors la reine n’eut de cesse de persécuter le saint. Elle le fit expédier à Nantes avec ses compatriotes et embarquer sur le bateau qui le ramènerait dans son pays ; mais il ne s’était pas écarté des côtes bretonnes que le mauvais temps le ramena à la terre. Alors Colomban traversa la France et se rendit en Suisse ; il y laissa l’un de ses disciples, saint Gall, et descendit jusqu’en Italie, où il fonda le grand monastère de Bobbio, à mi-chemin entre Gênes et Milan. Il aimait se retirer seul dans son ermitage pour faire ses prières et faire pénitence. Il ne venait au monastère que le dimanche et les jours de fête.
Grand était son mépris pour le monde. Voici ses paroles : « Oh vie, combien vite tu passes, que de monde tu as trompé, leurré, et aveuglé. Ceux qui s’attachent à toi, ne te connaissent pas ; tu n’es bien connue que par ceux qui méprisent tes plaisirs. Tu es semblable au nuage, il n’en reste rien quand tu le presses, telle la vapeur d’eau qui s’élève et disparaît comme dans un rêve. »
La règle de saint Colomban n’est pas semblable à celle de saint Benoît ; elle est plus stricte. Elle interdit le vin et la viande ; elle n’autorise à prendre qu’un seul repas par jour, le soir. Après chaque faute, on reçoit entre six et deux cents coups de fouet.
« Il est bon pour un moine, dit saint Colomban, de vivre dans un monastère sous la loi d’un seul et en compagnie de plusieurs, pour apprendre l’humilité de l’un, et la patience des autres. Il ne faut pas qu’il puisse faire ce qu’il veut. Il ne cherchera son lit que lorsque son corps sera brisé de fatigue ; il faut qu’il dorme dès qu’il s’allonge, et il faut qu’il se lève avant d’avoir assez dormi. S’il est victime de moqueries, il ne doit faire qu’une chose, se taire. Respecter son Père Abbé comme si c’était son Dieu, et l’aimer comme son père. Il ne jugera pas les dires des anciens ; son devoir est d’obéir et de suivre les commandements, comme cette parole de Moïse : « Écoute, Israël, et tais-toi. Il faut toujours aller de l’avant, il faut toujours prier, toujours travailler, et toujours étudier. »
Colomban mourut à Bobbio, en l’an 615 ; il avait vécu vingt ans en France, deux ans en Suisse, et trois ans en Italie.

Une partie de ses reliques est conservée à Locminé dans le diocèse de Vannes.
Saint Colomban est le saint patron de plusieurs autres paroisses en Bretagne, parmi lesquelles Brélidy dans le diocèse de Saint-Brieuc. Il a aussi une chapelle à Plounévez-Quintin. Il est invoqué pour guérir la folie.